• Depuis plus de vingt ans, le CeCaB (Centre de Castellologie de Bourgogne) a entrepris une démarche systématique de recensement de l'habitat médiéval fortifié en Bourgogne, de diffusion des connaissances par le biais de publications et de colloques, et de sauvegarde du patrimoine archéologique au travers de fouilles et d'actions de protection.

    Sous la direction d'Hervé Mouillebouche, le Centre vient de faire paraître un ouvrage remarquable : "Châteaux et Mesures". Parmi ses rédacteurs, on compte des historiens professionnels et des amateurs éclairés. Chaque année, le CeCaB organise en effet des Journées de Castellologie, sur un ou deux jours, pendant lesquelles les participants, très "pointus", discutent autour d'un thème particulier. Les actes de ces 17èmes Journées de Castellologie (qui ont eu lieu en octobre 2010) compilent donc les recherches présentées à cette occasion, avec de nombreuses illustrations.

    Mesurer l'espace au Moyen-Age

    Au sommaire :


    Préface : Jean Chapelot
    Châteaux et mesures : du Moyen-Âge à aujourd'hui
    Alain Guerreau : Châteaux et mesures : notes préliminaires
    Vasco Zara : "Signatum rerum". Le langage symbolique et musical dans l'architecture de Castel del Monte
    Nicolas Prouteau : "Mensuratores castrorum". Les arpenteurs militaires au Moyen Âge
    Chantal Maigret : Les tours quadrangulaires du Rhône gardois : étude métrologique et volumétrique
    Jean Chapelot : L'enceinte du château de Vincennes (1372-1380). La conception d'un grand projet architectural reconstituée par l'examen du bâti et les relevés de terrain
    Hervé Mouillebouche : Les expressions de mesures de châteaux dans les documents bourguignons médiévaux et modernes
    Frédéric Métin : Théorie géométrique de la fortification urbaine
    Laurent Josserand : Base technique du projet "Orléans 4D"
    Châteaux et mesures de capacité
    Michel Maerten, Robert Chevrot, Bernard Morin : Contribution à l'inventaire des mesures de capacité de pierre : quelques exemples dans le département de Saône-et-Loire
    Thomas Roy : Les mesures de grains de la châtellenie de Chaussin : méthode d'évaluation, usages et évolution.
    Conclusion : Hervé Mouillebouche

    L'étude des mesures utilisées au Moyen-Âge demeure en partie inexplorée, car le sujet est extrêmement complexe. Ce livre élégant n'en est que plus précieux pour tous ceux qui voudraient mieux connaître la conception médiévale de l'espace.
     
    Vous trouverez plus d'informations sur le site du CeCaB.


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  • L'ouverture au flanc est de la Tour du Bost béait depuis plusieurs mois (les pierres qui la bouchaient avaient été enlevées au printemps dernier), les visiteurs étant protégés d'une chute accidentelle par des moyens... efficaces mais moyennement esthétiques ! On avait un accès visuel direct au paysage oriental : les étendues de prés, les bois, les quelques bâtiments agricoles et au loin, au sommet de la "montagne", Montcenis. Juste sous nos pieds, à une dizaine de mètres, le sol ; un peu plus haut, la toiture de la maison d'accueil. Ceux qui étaient sujets au vertige évitaient de s'approcher, les autres profitaient de cette aubaine pour admirer la vue. 

     

    Niveau 4 : Adieu vertige !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L'ouverture, sans ses garde-fous

     

    Niveau 4 : Adieu vertige !

    La vue vers l'est...

     

    Niveau 4 : Adieu vertige !

     

     

    Et bien, c'est fini. Aujourd'hui, on voit tout autre chose : une belle porte en chêne cloutée, parfaitement ajustée à cette ouverture, correspond à ce que l'on pouvait trouver à l'origine. Vue de l'extérieur, cette porte permet de mieux visualiser l'existence, autrefois, d'un bâtiment accolé, venant jusqu'à cette hauteur. De l'intérieur, elle vient couper les courants d'air et se laisse admirer dans toute la rutilance de ses têtes de clous...

     

     

    Niveau 4 : Adieu vertige !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Niveau 4 : Adieu vertige !

     

    Positionner ce lourd battant sur ses gonds n'a pas été de tout repos : à l'origine, la porte avait certainement été installée depuis l'étage du bâtiment aujourd'hui disparu. Comme nous ne sommes pas dans un dessin animé et que nous avons besoin de quelque chose de solide pour y poser les pieds, la réalisation d'un échafaudage en encorbellement sur mesure était indispensable. Manipuler la porte a nécessité toute une gymnastique, les protections de l'échafaudage ayant dû être enlevées pour pouvoir placer la porte, ne laissant plus qu'un sorte de passerelle ! Celui qui s'est chargé de la manipulation à l'extérieur était, on s'en doute, équipé d'un harnais et "assuré" depuis l'intérieur.

     

     

    Pour retrouver les étapes des travaux autour de cette ouverture :
    Coup d’œil : Chambre avec vue ? (la solution)
    Niveau 4 : une porte médiévale


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    Un coup de balai qui s'arrose !

     

    Ce n'est pas parce qu'il fait gris, humide, voire carrément froid que le chantier de la tour est entré en léthargie. Cette semaine, au contraire, on peaufine les travaux dans la "Chambre des Dames"... En effet, le niveau IV en est aux finitions des finitions. C'est ainsi que les salariés de Tremplin ont passé un "dernier" coup de balai sur les tomettes. Un coup bien arrosé, d'ailleurs : une bonne dizaine de bouteilles de vinaigre auront été nécessaires pour éliminer les restes de chaux du dallage ! Dans le froid qui commence à transir tout le monde, malgré les pulls, soutenus par les basses énergiques de rocks bien trempés, l'un(e) verse quelques rasades de vinaigre, l'autre étale au balai, un(e) autre encore frotte et essuie avec un chiffon... Le résultat est aussi radical que dans les meilleures pubs "avant-après" : auparavant blanchâtre, le sol retrouve les belles couleurs chaudes des dalles anciennes ! 

     

    Un coup de balai qui s'arrose !

     

    Petit rappel : une fois la chape allégée réalisée, les tomettes ont été posées sur un mélange de mortier sec et de chaux. Les joints, eux, ont été réalisés avec un mélange de sable et de chaux auquel on a ajouté, pour assurer une meilleur maintien, un peu d'huile de lin.

    Une fois le nettoyage réalisé, une bâche est posée sur le tout, pour protéger le sol de nouvelles salissures. C'est qu'il reste encore les volets à mettre en place, après avoir posé leurs ferrures...
     
    Petits retours en arrière :
    . à propos de la chape :
    Niveau 4 : Vers les finitions
    . à propos des tomettes :
    Coup d’œil : un bain pour les tomettes (la solution)


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  • Iranienne d'origine, arrivée en France à 19 ans, Mme Michelet a créé l'association d'insertion Tremplin Homme et Patrimoine avec M. Jondot. Elle y a trouvé un travail qui correspondait totalement à ses aspirations. Retour sur un parcours professionnel délibérément orienté vers les personnes en difficulté. 

    Homa Michelet : Un parcours tourné vers les autres

    Qu'est-ce qui vous a amenée à fonder Tremplin ? Aviez-vous déjà une histoire avec des chantiers d'insertion ?
     
    Je suis psycho-clinicienne à la base. Normalement, je suis censée travailler avec les pathologies, mais je n'avais pas envie de travailler avec les gens malades. Ce que je voulais, c'était mettre mes compétences au service de gens qui sont en difficulté mais qui n'ont pas la démarche d'aller voir un psychologue. D'abord, parce que l'étiquette est très négative, et deuxièmement parce qu'aller voir un psy a un coût. Or ces gens n'ont ni la démarche ni l'argent pour la faire.
     
    J'ai été conseillère d'orientation puis j'ai travaillé avec Michel Jondot (cofondateur de Tremplin) au GRETA, pour la formation adulte. J'intervenais pour tout ce qui concernait la structure psychologique des individus et on s'est rendu compte que les résultats étaient nettement meilleurs que si on supprimait cette partie du travail. Moi, j'en étais convaincue, mais il me fallait faire mes preuves... Ensuite, Michel, qui travaillait pour SMBS, m'a proposé de voir si je pouvais intervenir sur les chantiers et travailler avec leurs animateurs. À un moment, il m'a demandé si je ne voulais pas "faire de la psychologie de la pierre". Effectivement, les bâtiments sur lesquels on travaille ont une histoire. Ils ne sont pas arrivés à un endroit par hasard. À travers cette histoire, je pouvais faire le lien avec la notion d'histoire de vie d'un individu. J'ai approfondi la question en suivant pas mal les architectes des bâtiments de France pour voir comment ils posaient leur diagnostic sur un bâtiment. Il s'agissait pour moi de construire le projet pédagogique et il y avait un vrai parallèle possible entre l'homme et le patrimoine. On a fait une première expérience qui s'est révélée très, très positive et on est parti comme ça.
     
    Vous avez trouvé là un travail qui correspond vraiment à vos aspirations ?
     
    Complètement. En plus, je suis quelqu'un de terrain, j'aime le travail du bâtiment. Cela m'a permis de répondre pleinement à mes propres valeurs – on ne s'occupe pas des gens juste parce qu'on a envie de panser des blessures. Mettre au service des autres les connaissances que j'avais, cela m'a permis de répondre à mes propres valeurs et aspirations.
     


    Avant tout : se respecter
     


    Y a-t-il des choses que vous pensez indispensables pour que les personnes que vous accompagnez "y arrivent" ?
     
    Je crois que ce qui est le plus important, c'est qu'ils se respectent. Qu'ils prennent soin d'eux. Qu'ils prennent conscience de leur potentiel, de leurs capacités. En résumé, ce qui est le plus important pour moi dans ma vie, que ce soit ma vie personnelle ou professionnelle, c'est la dignité de l'être humain.
     
    Comment avez-vous "rencontré" la Tour du Bost ?
     
    Lorsque l'idée "d'utiliser" un chantier d'insertion y est apparue. Plusieurs organismes ont alors été invités à visiter le monument pour proposer leurs services. Je me rappelle, quand je suis arrivée au pied de la tour, je me suis dit : "Décidément, on n'est qu'un grain de sable !" Ce monument était impressionnant. En plus, c'était terrible, une ruine totale. Cela me faisait penser aux gens qui vieillissent mal, à une histoire qui part en poussières... En Iran, nous sommes habitués à ces sites extraordinaires qui partent... Je ne fonctionne pas du tout au défi, mais je me suis dit : "Ouf, c'est gros !" J'étais vraiment impressionnée par ce bâtiment, qui aujourd'hui a complètement changé. Même la visualisation est différente. Aujourd'hui, finalement, c'est humain, on y est bien. On a envie de la protéger, cette tour, alors que c'était elle qui était censée nous protéger – on a envie de la mettre à l'abri et de lui donner une nouvelle vie. C'est exactement l'objectif qu'on a par rapport aux personnes. C'est un parallèle vraiment frappant.
     
    Pour en savoir plus sur le travail de terrain de Mme Michelet :
    Homa Michelet : développer un projet de vie
    Sur Tremplin Homme et Patrimoine, outre l'accès direct au site de l'association, qu'on trouve aussi dans notre rubrique "Liens", des articles et une page :
    Tremplin : pour mieux rebondir
    Tremplin : la position d'équilibre
    Tremplin Homme et Patrimoine


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