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Bernard : l'atrait des défis techniques
Bernard Morin est un ancien professeur de Sciences de l'Ingénieur et d'Informatique au lycée Henri Parriat à Montceau-les-Mines. Il a rejoint la réflexion autour de la pose de la poutre du 2e étage lorsque son arrivée prochaine fut annoncée et a participé activement à sa pose, en compagnie de son frère. Il s'est notamment chargé, en amont, des calculs (inclinaison de la poutre, répartition des charges, forces...).
Nous lui avons demandé comment il s'était laissé "prendre" par la Tour du Bost.
En fait, je venais parfois à la tour en visiteur. Puis j'ai pris ma retraite (en même temps que Robert Chevrot, un ancien collègue) et à partir de ce moment-là, j'ai été beaucoup plus disponible. Évidemment, des problèmes techniques se posaient régulièrement sur le chantier : il était assez naturel que Robert me pose des questions, à cause de mon boulot, au lycée.
Un jour, Robert m'a téléphoné : il avait lu dans ses vieux grimoires comment était constituée une fenêtre. Il en avait les dimensions extérieures et m'a dit qu'il faudrait regarder comment agencer les pierres. Je ne comprenais rien à ses explications orales et j'aurais préféré un croquis ; il m'a répondu que justement, il n'arrivait pas à en faire un ! Je lui ai donc conseillé d'utiliser de la pâte à modeler et de m'expliquer ce qu'il faisait, parce que je n'arrivais pas à suivre son raisonnement.Bernard Morin (à droite)
avec Robert ChevrotTout en modelant la pâte, j'enregistrais les explications : ça ne ressemblait à rien du tout, mais c'était extrêmement intéressant comme idée. En utilisant un logiciel de modélisation, je lui ai fait une proposition - à partir du moment où chaque pierre est modélisée, c'est assez facile de changer cotes et position. Robert est passé et nous avons vérifié si nos éléments concordaient. Il a fallu apporter des modifications, presque immédiatement, ce qui m'a permis de voir ce qu'il avait en tête. Ensuite, nous avons sorti les plans.
Mais cela ne suffisait pas : il fallait la véritable maquette de la meurtrière, que les membres du chantier d'insertion ont réalisée en béton cellulaire, en grandeur réelle, en visualisant bien la "chose" grâce à la démarche antérieure.
Grâce à cette maquette, nous savons maintenant qu'il reste des modifications à apporter. Nous n'avons pas vu certaines choses sur le modèle, même en le retournant dans tous les sens : il faut pouvoir manipuler les pièces... A certains endroits, nous avons prévu de grosses pierres, alors qu'on peut se permettre d'en mettre deux petites (c'était quand même ça l'idée : essayer de faire au plus simple avec les matériaux qu'on a). A d'autres endroits, si on ne veut pas que ça lâche, on a intérêt à mettre une grosse pierre...
Toute cette démarche est passionnante : Robert avec son grimoire, la pâte à modeler, le modèle informatique et ensuite, les plans puis la mise en œuvre concrète ! Ce qui m'intéresse, ce sont les défis techniques. La Tour m'offre des problèmes nouveaux, des vrais, des concrets. J'aime aussi comprendre comment les améliorations techniques ont émergé : elles ne viennent jamais de rien, ce sont des adaptations de choses antérieures. Comprendre comment les gens autrefois, compte tenu de leurs connaissances techniques etc, ont fait pour augmenter ce savoir, trouver de nouvelles possibilités... C'est au Moyen-Age que s'est mise en place notre façon de théoriser. Avant, on travaillait de telle ou telle manière "simplement" par habitude, par transmission orale, par savoir-faire ; mais à la fin du Moyen-Age, on a commencé à noter et à développer des théories, comme plus tard Léonard de Vinci dans ses carnets.
Voilà ce qui m'attire sur ce chantier.
Et puis, elle est magnifique, cette tour : il faut qu'on la fasse parler !
À propos de la maquette, vous pouvez consulter la Lettre d'information du chantier d'insertion de décembre 2009, mise en ligne sur le site de la Tour du Bost.
Tags : techniques, Tour du Bost, Charmoy, Saone-et-Loire, Bourgogne, monument historique, histoire, patrimoine, moyen-age
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