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Une histoire de poutre (4) : Tous sur le pont !
Lundi 11 octobre, au petit matin, un convoi inhabituel, clignotant orange de partout, traverse la cour de la ferme et s'arrête devant la tour : une grande grue blanche arrive sur les lieux, accompagnée de son grutier, Bernard Lavigne. Poutre et aisseliers attendent un peu plus loin, préparés avec mortaises pour l'une et tenons pour les autres, par l'entreprise Desbois à Charmoy. Tout le monde est sur le pied de guerre : les membres du chantier d'insertion, qui ont tout préparé pour la mise en œuvre, ceux de "La Tour du Bost" qui vont participer activement à l'opération (Michel et Bernard Morin et Robert Chevrot) et Sylvain et Jacky Desbois, les charpentiers... Quelques curieux - voisins et membres de l'association - se sont massés dans un coin et suivent les événements avec beaucoup d'attention et un brin d'anxiété.
Sans l'entreprise de Jean-Jacques Allayrat, à Saint-Vallier, qui nous a fourni gracieusement la grue et les services du grutier, l'opération n'aurait pas pu se réaliser. Étant donné la complexité de la tâche, il nous fallait un grutier très compétent et expérimenté : avec si peu d'espace pour passer (7 cm de part et d'autre !), il faut du doigté, même (et surtout) avec une poutre de trois tonnes !
Certains n'ont pas bien dormi la nuit précédente : la météo devait aussi être de la partie. Le moindre souffle de vent, pouvant faire virer la poutre, aurait rendu l'opération trop risquée. Nous avons de la chance : il fait simplement gris - pas de pluie, pas de vent. Ouf !
Nous avions tout étudié - pourtant, il y a un pas entre la théorie et la pratique... Premier hic : finalement, le sol au pied de la tour, sous la fenêtre, présente trop d'angle et la grue se met en sécurité. Il lui faudra se positionner dans un endroit plus éloigné : moins favorable, mais plus plat !En guise "d'échauffement", la grue fait d'abord passer quelques chevrons : moins lourds et plus faciles à manipuler que la poutre, ils permettent à l'équipe de fignoler son organisation. Ils sont deux, grimpés sur l'échafaudage extérieur, à réceptionner les pièces amenées par la grue et à communiquer avec le grutier. A l'intérieur, ils sont deux ou trois au niveau de la fenêtre, dans l'épaisseur du mur, à passer les pièces de bois à la huitaine de personnes au sol.
Tout se passe bien. Les deux aisseliers (350 kg chacun) sont récupérés à leur tour, positionnés l'un sur l'autre pour, un peu après l'entrée de la poutre, faire contrepoids et éviter que son nez ne se lève : il faut que la poutre garde un angle de 10 degrés, nez vers le bas, pour passer... Il ne reste plus qu'elle sur la remorque du tracteur. La tension monte d'un cran - surtout pour les quelques curieux qui, au sol, ne peuvent que regarder de tous leurs yeux. On n'a même plus le cœur à plaisanter - c'est dire !
La suite au prochain épisode !
Si vous en avez manqué un ou plusieurs :
Une histoire de poutre (1) : Casse-tête chinois
Une histoire de poutre (2) : petit retour en 2006
Une histoire de poutre (3) : le chêne providentiel
La suite ?
Une histoire de poutre (5) : Attention, la voilà !
Une histoire de poutre (6) : un travail de longue haleine
Une histoire de poutre (7) : un élan collectif
Et pourquoi pas des photos ?
Tags : poutre, grue, tour, Tour du Bost, Charmoy, Saone-et-Loire, Bourgogne, monument historique, histoire, patrimoine, moyen-age
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