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Une histoire de poutre (7) : Un élan collectif
La poutre, le nez posé sur un chariot poussé par la huitaine de personnes qui œuvrent au niveau du plancher, dans la tour, avance lentement mais sûrement vers sa destination. Dehors, c'est presque fini : la grue fait un dernier aller-retour, l'élingue glisse et libère la poutre, les deux personnes qui la guidaient du haut de l'échafaudage quittent les lieux. Un petit bout de chêne dépasse encore des murs de la tour, posé sur le rebord de la fenêtre.
On ne le sait pas encore, mais la poutre ne va plus bouger jusqu'au lendemain : à l'intérieur, on se heurte à un problème inattendu de palan bloqué, qui empêche la manœuvre prévue. C'est contrarié que chacun ira se coucher le soir. Mais le lendemain, avec un équipement nouveau ainsi qu'un cric forestier (à manivelle) prêté par l'entreprise Brenot, un corps reposé et une énergie renouvelée, c'est une autre histoire ! La poutre va gentiment se positionner, d'abord dans le trou du mur opposé à la fenêtre, élargi pour la recevoir aisément, puis dans le deuxième, côté sud. Pas question d'agrandir ce dernier, de peur d'affaiblir la cheminée, située juste au-dessus : Sylvain Desbois va légèrement découper le bout de la poutre pour qu'elle s'adapte exactement à l'espace laissé par la poutre d'origine, calcinée dans l'incendie de 1920...
Une fois la poutre en place, il ne restera "plus" qu'à positionner les aisseliers : une autre partie de plaisir ! Heureusement, nous disposons de tréteaux qui accompagnent la montée de chaque pièce. Il reste un peu de travail pour le lendemain : finir la mise en place du deuxième aisselier.
Finalement, la poutre et les deux aisseliers auront été montés en deux jours et demi, les opérations commençant le lundi matin et se terminant le mercredi midi. Les quelques imprévus auront été surmontés avec brio (si si, on peut le dire !) et quelques adaptations au plan initial apportées (avec brio aussi). Dans ce genre de chantier, il est important de bien évaluer le nombre de personnes nécessaires (ce qui fut le cas) : trop nombreux, on risque l'accident en se bousculant ; trop peu, on le risque également, en se démenant et en courant partout ! L'opération fut conduite avec beaucoup d'efficacité, chacun à son poste.
Le deuxième étage avec la poutre en place, vu du sommet
Une autre chose est certaine : si ce chantier fut finalement mené à bien, c'est grâce à un véritable élan collectif. Chacun a apporté ce qu'il pouvait, en fonction de ses moyens et de ses compétences : idées, stratégie, matériel, manutention... - voire soutien moral ! La cogitation fut surtout le domaine de MM. Morin, avec Robert Chevrot et Pierre Dubreuil (tous membres de l'association), de l'entreprise Allayrat et des charpentiers, MM. Desbois. Une fois la marche à suivre adoptée, il restait tous les problèmes physiques et théoriques, auxquels MM. Morin se sont attelés (calculs des angles, des dimensions, des forces...). De leur côté, toujours en amont, les membres du chantier d'insertion, supervisés par Christophe Michalak, ont réalisé une maquette au 1/10e pour modéliser les mouvements de la poutre. Et ce sont eux qui ont assuré la délicate manutention, lors de sa pose. L'entreprise Dufraigne, à Autun, a prêté un précieux matériel, comme MM. Brenot, et des voisins et des membres de l'association en ont fait autant avec câbles, cordes, palans, chaînes...
Mais cette opération réussie n'était que le début d'un nouveau chantier : celui du plancher, dont nous parlerons d'ici peu !
Vous ne vous souvenez plus du début ?
Une histoire de poutre (1) : Casse-tête chinois
Une histoire de poutre (2) : petit retour en 2006
Une histoire de poutre (3) : le chêne providentiel
Une histoire de poutre (4) : Tous sur le pont !
Une histoire de poutre (5) : Attention, la voilà !
Une histoire de poutre (6) : un travail de longue haleine
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Tags : poutre, chantier, pose, Tour du Bost, Charmoy, Saone-et-Loire, Bourgogne, monument historique, histoire, patrimoine, moyen-age
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