• Gauthier jacquelin : l'art de la fusion

    La Tour du Bost, ce n'est pas seulement de la pierre et de la maçonnerie, soutenues et accompagnées de poutres, de planchers et d'huisseries diverses. Le métal y a sa place aussi, de diverses façons, depuis les serrures et les gonds jusqu'aux barreaux des fenêtres. Voilà plusieurs années qu'un ferronnier d'art, Gauthier Jacquelin, intervient régulièrement sur le site, faisant passer son savoir-faire aux ouvriers, au fil des chantiers. Lions connaissance avec ce passionné volubile et savant, qui aime à retrouver, dans les murs de la tour, l'écho des ouvriers d'autrefois. Un artiste de la fusion entre métaux et histoire, entre hommes et techniques d'hier et d'aujourd'hui. 

    Gauthier jacquelin : l'art de la fusion

    Depuis quand travaillez-vous à la restauration de la Tour du Bost ?
     
    J'y viens depuis de longues années déjà, au début pour de petits travaux de dépannage ou des interventions urgentes. Je travaille depuis trois ans environ sur le chantiers de l'association Tremplin, à la restauration du patrimoine en fer forgé. La première fois que je suis intervenu, c'était ici : il s'agissait de fermer la tour (qui n'avait jamais eu de porte) pour des raisons de sécurité.
     
    Quelle est la spécificité de votre travail ?
     
    Je fais de la restauration, pas de la rénovation : on n'est pas dans le "simili", il faut être puriste au maximum, coller au plus près à la réalité. Le but d'une restauration proche de la condition de fabrication, c'est entre autres de retrouver les techniques anciennes. Je réutilise les matériaux d'origine le plus souvent possible. Si cela m'évite d'acheter de la matière, cela m'oblige à passer plus de temps sur chaque chose ; mais le résultat final est beaucoup plus sympa que si je trichais en prenant par exemple une barre neuve et en la vieillissant – pour "faire vieux", comme on dit. Je serais complètement à côté de l'esprit de restauration. On peut faire du neuf avec du vieux, mais on ne fait pas du vieux avec du neuf.
     
    Découvrir des techniques anciennes, se demander comment les gens ont pu faire avec le peu de moyens qu'ils avaient... On se réapproprie leur façon de faire, on fait parler les ouvriers qui ont bâti la tour. C'est hyper enrichissant, parce qu'on s'aperçoit qu'ils étaient performants ! À l'époque, par exemple, on allait plus vite pour percer un trou que maintenant. Cela tient à la technique : au lieu de percer des trous de plus en plus gros, jusqu'à 30 par exemple, on utilisait directement un foret de 30, plat, avec un petit téton au bout. On faisait un petit trou et on perçait directement au diamètre voulu sans que ça chauffe le foret, en allant lentement. Les ouvriers avaient des systèmes de presse, avec une vis sans fin : ils mettaient leur vilebrequin dedans et serraient la vis, ce qui apportait une pression. Même dans la pierre. ça allait plus vite qu'avec un de nos perforateurs d'aujourd'hui !
     
    Je fais aussi des recherches, notamment à la bibliothèque du musée de Cluny à Paris, où se trouvent beaucoup d'archives. Il faut bien sûr faire le distinguo entre les archives colportées par Viollet-le-Duc, dans lesquelles il y a des choses à trier, et des archives plus sérieuses, mais j'ai un grand respect pour Viollet-le-Duc : c'est quand même grâce à lui qu'on s'est intéressé au Moyen-Âge ! Il vivait à une période favorable en France, sous Napoléon III, et on avait beaucoup plus de moyens qu'aujourd'hui... Cela a permis l'ouverture de recherches par la suite. J'espère que dans un siècle on dira aussi de mon travail : "Ouais, c'est bien, mais il aurait dû faire comme ci ou comme ça" ; l'histoire avance, et les découvertes historiques aussi.
     
    Vous semblez heureux de travailler ici...
     
    Je me considère comme un "presque voisin". Enfant, j'habitais à Montcenis. Je voyais la tour depuis chez moi. J'avais des contacts amicaux avec la famille qui la possède : du coup, je venais la visiter (on en avait l'autorisation en faisant bien attention). Nous, ça nous fendait le cœur de la voir tomber, cette tour ! Sans arrêt, on entendait parler de blocs qui en dégringolaient... Et finalement, des années et des années plus tard, elle est toujours là, en pleine restauration !

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