• Et on ne parle pas ici seulement du temps qui passe, mais aussi de celui qui change : la météo, les saisons qui s'accumulent...
     
    Penchons-nous sur un élément que peu d'entre nos visiteurs peuvent voir, puisque lors des ouvertures estivales de la Tour du Bost, deux faces du monument restent inaccessibles : celles de l'est et du sud. Or, le pied sud du monument présente des effets de surface intéressants, liés à l'érosion, juste au-dessus du talus. 

    Quand le temps se grave dans la pierre...

    Les ouvriers d'autrefois ont puisé dans les ressources locales pour construire la tour : comme nous sommes sur un socle granitique, et non calcaire, il s'agit de grès et granit. On reconnaît facilement les trois types de pierres utilisés, provenant tous trois des environs immédiats du site : le massif d'Uchon, tout proche, est riche en granit ; on trouve des grès permiens, rouges, dans le sous-sol du bâtiment et aux environs ; le grès arkose (gris), bien plus dur et résistant aux intempéries, qui encadre les ouvertures et qui a été employé pour former les marches de l'escalier et façonner les pierres d'angle, pourrait provenir de carrières proches, comme celle de Courmarou, à quelques kilomètres d'ici. C'est surtout dans les deux derniers niveaux de la Tour, les plus récents, que se concentre le granit ; le grès (rouge et arkose) concerne l'ensemble du bâtiment.

    Quand le temps se grave dans la pierre...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sur cette image rapprochée, on réalise quel problème pose le grès rouge local dans la construction : contrairement au grès arkose, il réagit mal au ruissellement, au vent et aux écarts de températures, et se désagrège peu à peu, redevenant sable... Heureusement, il reste encore une belle épaisseur de mur après ces six cents ans d'érosion (au moins) ! L'occasion pour les amateurs de géologie d'observer les différentes couches présentes dans les pierres litées... Saurez-vous retrouver sur la photo une pierre posée "verticalement" ?


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    Enduits anciens : lire les murs (4)

    Il ne reste plus guère d'enduit ancien autour de la fenêtre sud,
    mais cette plaque portant des graffiti, dans l'angle gauche de la voûte,
    montre bien les différentes strates qui le compose.

     

    Après avoir visité la fenêtre est du niveau 5 de la Tour du Bost, rendons-nous maintenant dans l'alcôve ménagée pour celle du sud. Cette fenêtre est en piteux état (comme celle de l'est, d'ailleurs), l'un des meneaux horizontaux étant tombé (ce qui nous a permis de faire glisser par cette ouverture l'énorme poutre nécessaire à la restauration du niveau 4). Bref, malgré cette maçonnerie très chamboulée, actuellement étayée, l'endroit a gardé de nombreux éléments très anciens.
     
    Des enduits, d'abord, qui montrent le même soin apporté aux finitions qu'autour de l'autre fenêtre (voir les chapitres 2 et 3 de la série). Ici encore, comme le soulignait Frédéric Didier, A. C. M. H., la finition a été faite à la polissure de chaux (une couche de chaux avec un sable très fin, adjointe autrefois de poils d'animaux). Cette polissure est tellement chargée en chaux qu'elle a pris un aspect faïencé à la Tour du Bost, à cause du retrait, tout en gardant un aspect extraordinairement lisse. 

    Enduits anciens : lire les murs (4)

     

     

    Il reste quelques traces du système de harpage marquant l'ouverture, avec les faux-joints blancs remarqués à l'est (voir le chapitre 2).

     

    Enduits anciens : lire les murs (4)

     

     

     

     

    Autres éléments remarquables, au niveau de la voûte : la présence d'empreintes, dans l'enduit de base, d'un coffrage ainsi que de quelques petits bouts de bois (restes du coffrage, anciennes cales ?).

    Un bout de bois, angle gauche de la voûte

    Enduits anciens : lire les murs (4)

     

     

     

    Traces de coffrage, mises à nu par la dégradation et la disparition des enduits de finition

     

     

     

    Enfin, on peut noter les graffiti, dont certains semble-t-il très anciens, présents sur une plaque d'enduit. Malheureusement, ils se dégradent année après année.

     

    Enduits anciens : lire les murs (4)

     

    Pour retrouver des informations sur les différentes strates d'enduit, vous pouvez vous référer au premier article de la série : Enduits anciens : lire les murs (1)
     
    Et les autres articles de la série :
    Enduits anciens : lire les murs (2)
    Enduits anciens : lire les murs (3)


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    Enduits anciens : lire les murs (3)

    Ayant servi de support à des graffiti relativement récents (XIXème siècle ?),
    l'enduit ancien blanc s'arrête avant l'ouverture de la fenêtre
    et cède la place à un système en harpe plus sombre.

     

    Nous vous avons déjà parlé des enduits anciens ayant résisté aux outrages du temps et à l'incendie de la tour, au niveau 5 (le prochain à être restauré). Nous avons déjà vu, dans le deuxième volet de cette série, qu'il en restait des plaques sous le coussiège de gauche, dans l'alcôve de la fenêtre à meneaux s'ouvrant à l'est. Nous ne la quittons pas encore, pour voir les décors qui subsistent sous l'autre coussiège et autour de l'ouverture elle-même.
     
    Autour de la fenêtre, on distingue nettement l'enduit blanc, au grain très fin, qui cédait la place à un encadrement bien plus sombre, reprenant la teinte de la pierre. Lors de sa dernière visite, Frédéric Didier, Architecte en Chef des Monuments Historiques, a étudié ces traces, passant d'un témoin à un autre, tentant de les interpréter pour reconstituer le système et trouver les bases à la restauration à venir. Il y a détecté un système de harpage très régulier, avec de faux-joints blancs et des pierres relissées formant des bandeaux. Les faux-joints reprenant à peu près les joints du mur sous-jacent, mais de façon plus régulière. "Il devait y avoir une symétrie : descendre tout droit, une pierre, à nouveau descendre tout droit". 

    Enduits anciens : lire les murs (3)

     

     

     

     

    Dans l'ouverture elle-même, la pierre a conservé des traces de ces enduits originels.

     

    Enduits anciens : lire les murs (3)

     

     

     

     

    Un autre témoin de l'encadrement de la fenêtre, sur la droite de l'ouverture.

     

     

     

     

    Enduits anciens : lire les murs (3)

     

    Sous le coussiège de gauche, on retrouve le même décor que sous celui de droite, avec des traits tirés bien droits. Un travail particulièrement soigné qui témoigne de l'importance de cette pièce, ou au moins de la personne qui l'habitait.
     
     
    Pour retrouver des informations sur les différentes strates d'enduit, vous pouvez vous référer au premier article de la série : Enduits anciens : lire les murs (1)
     
    Les autres articles de la série :
    Enduits anciens : lire les murs (2)
    Enduits anciens : lire les murs (4)


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    Enduits anciens : lire les murs (2)

    Sous l'un des coussièges de la fenêtre est, Niveau 5.
    Les plaques d'enduits préservées sont de précieux guides
    pour la restauration du donjon.

     

    Il faut un œil exercé pour analyser les traces anciennes restées accrochées à l'intérieur des murs de la Tour du Bost. La restitution d'un nouveau plancher permet de rendre facilement accessibles des lieux qui ne l'étaient plus depuis 1920 ! C'est ainsi que nous avons (enfin) pu effectuer le relevé des enduits de la salle du Niveau 5, la "Chambre du Seigneur".

    Laurence Blondeau, spécialiste des enduits, des peintures et des fresques, est venue étudier les lieux. Elle nous a apporté son éclairage sur les éléments qui ont réussi à subsister au temps, à l'incendie et aux intempéries. Elle a notamment repéré, au niveau de la fenêtre donnant à l'est, un enduit ancien (du XVe siècle) gris brun, retravaillé pour faire tenir un enduit plus récent, avec du cran rose. L'enduit de finition, rosé, s'arrête droit pour faire place à un enduit blanc.

    Enduits anciens : lire les murs (2)

     

     

    On voit bien, ci-contre, la netteté et la précision de la délimitation entre deux zones, l'une blanche, l'autre colorée, sous les coussièges : rectitude du trait, grain très fin...

     

     

    De son côté, lors de sa dernière visite de chantier, Frédéric Didier, Architecte en Chef des Monuments Historiques, a souligné le soin apporté aux enduits, qui reprennent le ton de la pierre, et aux joints, d'une couleur différente. « On a fait une incision, ensuite la pierre a été « beurrée » avec un mortier très chargé en teinte, dans les mêmes tons marron que la pierre ».
     
    Pour retrouver des informations sur ces différentes strates d'enduit, vous pouvez vous référer à notre article précédent : Enduits anciens : lire les murs (1)

    La suite :

    Enduits anciens : lire les murs (3)

    Enduits anciens : lire les murs (4)


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