• Homa Michelet : développer un projet de vie

    Au sein de l'équipe "Tremplin Homme et Patrimoine", Homa Michelet occupe une place particulière : psycho-clinicienne à la base, aujourd'hui coordonnatrice pédagogique et cofondatrice de cette association, c'est elle qui intervient "sur l'humain". On la voit très régulièrement sur les différents chantiers d'insertion gérés par Tremplin, rencontrant les uns et les autres, menant des entretiens, mettant à l'occasion la main à la pâte...

    Homa Michelet : développer un projet de vie

    Quel est le but de vos interventions sur les chantiers ?
     
    Notre travail d'intervenant, à Tremplin, est d'accompagner les salariés de l'Atelier dans leur projet professionnel. Moi, je ne m'arrête pas là : mon souci est de les accompagner dans leur projet de vie. Parce que l'un fait partie de l'autre et que résumer un individu seulement à un travail me paraît beaucoup trop court.  

    Je travaille en même temps sur les trois aspects des compétences : les savoirs (tout ce qui est théorique), les savoir-faire (le travail concret sur le terrain) et les savoir-être. Ces savoir-être ne se résument pas à être poli, à dire bonjour etc... Je les appelle "l'intelligence au travail", c'est plus parlant. Dans cette étape de travail avec eux, je les amène à analyser une situation pour pouvoir poser un diagnostic et pour pouvoir organiser le travail, les postes de travail, anticiper en termes de matériaux, de matériel... C'est tout cela qui permet l'adaptation à un poste de travail, de façon générale.
     
    La première étape de mon travail est de faire le bilan de leurs compétences, en les regardant travailler : cela me donne à voir d'abord s'ils n'ont pas de problèmes psycho-moteurs ; je me concentre aussi sur leur temps, leurs capacités et leur mode d'apprentissage. Je dois ensuite utiliser tout cela pour les amener à changer leur façon d'être et de faire. Je vérifie en même temps s'ils savent s'organiser, transmettre des informations, travailler en équipe...
     
    Avez-vous toujours travaillé de cette façon ?
     
    J'ai changé mon mode de fonctionnement depuis que nous ne pouvons plus faire que des contrats de six mois, le renouvellement (une seule fois) n'étant pas toujours accordé par les institutions (les critères sont vraiment draconiens aujourd'hui). Cela m'enlevait six mois de temps pour travailler avec chacun. Un an, au niveau psychologique, c'était intéressant : neuf mois de grossesse et trois mois de mise en marche, c'était très symbolique pour moi... J'ai dû m'adapter à ces nouvelles conditions, en suivant une formation de coach, notamment. Maintenant, ce n'est plus moi "toute seule" qui pose le diagnostic, je n'en ai plus le temps : je le fais avec eux, en les "titillant" - qu'est-ce qui me manque, comment il faut m'accompagner, de quoi j'ai besoin pour aller là où je dois aller...
     


    "Désapprendre" pour mieux apprendre


     
    Cela implique une plus grande responsabilisation de leur côté. C'est peut-être encore plus difficile pour eux ?
     
    Ce n'est pas plus difficile, mais c'est déstabilisant parce que l'on vit dans un système d'assistance, qui limite la possibilité d'avancer vers l'autonomie. On a l'habitude d'être porté... C'est vrai que dans un premier temps, ils attendent beaucoup de moi, ils ont l'impression que je vais les materner - puis ils sont déstabilisés parce que ce n'est pas du tout mon mode de fonctionnement ! Mais à partir du moment où le travail est enclenché, ça va tout seul. Je ne fais que leur montrer leur potentiel, leurs capacités. Autrefois, dans notre projet pédagogique, c'était le bâtiment qui, par effet miroir, restaurait l'individu. Quelque part, aujourd'hui, je joue directement le rôle du miroir en leur disant : "tu as toutes les solutions, on ne sait pas encore laquelle est la plus adaptée – il n'y a pas de notion de "bonne" ou "mauvaise" solution. Le terrain nous donne à voir, à tester en toute sécurité. Tu as un filet, il n'y a pas de risques, tu as le droit de faire des erreurs et on les corrige pas à pas."

    Mon objectif est de systématiquement les amener vers la réussite, même si la tâche qu'ils ont à effectuer est toute petite. C'est de cette réussite que dépendra la réussite suivante.

    Je suis particulièrement attentive à cette phase d'apprentissage : on doit passer par un désapprentissage pour repartir vers un apprentissage. Cela veut dire qu'à un moment donné, il faut abandonner tous les repères qu'on a pour être amené vers de nouveaux apprentissages : c'est extrêmement difficile ! Leurs résultats me permettent de valider ma façon de travailler, de voir s'il me faut corriger le tir ou pas.
     
     
    Nota : "Tremplin Homme et Patrimoine" n'amène pas forcément ses stagiaires à un métier dans le bâtiment ; l'association utilise ses différents chantiers comme supports de reconstruction d'un projet professionnel. Pour en savoir plus, on peut se reporter à :
    Tremplin : pour mieux rebondir
    Tremplin : la position d'équilibre
    Tremplin Homme et Patrimoine
    ainsi qu'à ce lien direct vers son site.

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