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    Vingt ans de "la Tour du Bost" (2) : premiers pas

    La Tour du Bost, face ouest, en 1992

     

    Vingt ans de "la Tour du Bost" (2) : premiers pas

     

    Voici la suite de notre entretien avec Robert Chevrot, initiateur de la restauration de la Tour du Bost, il y a vingt ans (voir notre article :  Vingt ans de "la Tour du Bost" (1) : les prémices ). Nous en étions restés au moment où l'idée de sauver le monument, très abîmé et dangereux, fut semée.

     

    L'intérieur du donjon en 1992,
    côté sud

    Vingt ans de "la Tour du Bost" (2) : premiers pas

     

     

    Le chemin de ronde, côté ouest,
    colonisé par la végétation
    et très dégradé

     

    Et ensuite ?
     
    Après cette journée et ce premier contact avec la tour et les Dubreuil (NDLR : les propriétaires de la Tour du Bost), les choses ont traîné en longueur, nous en parlions de temps en temps avec Martine... Le projet était difficile : le monument, implanté au cœur de l'exploitation agricole, était évidemment une source de soucis pour les propriétaires. D'abord, il y avait le mauvais état de la tour, qui risquait de tomber alors que Gaston Dubreuil était à la veille de la retraite ; d'autre part, il savait que ce n'était pas une tour "de rien du tout" : il avait tous les bouquins qui en traitaient, des plans, et s'y intéressait. Il n'était pas indifférent à cette tour, mais en même temps, il avait peur qu'elle lui tombe dessus ou qu'il y ait des grues et que les travaux, qui allaient être colossaux, perturbent la vie familiale et celle de l'exploitation.

    Vingt ans de "la Tour du Bost" (2) : premiers pas

    Mur intérieur nord du chemin de ronde, toujours en 1992

    Vingt ans de "la Tour du Bost" (2) : premiers pas

     

    Le chemin de ronde, côté est,
    en cours de déblaiement en 1992

     

    Un vendredi, plusieurs mois plus tard, Martine m'a prévenu que le moment était venu. Le dimanche suivant, il y avait toute la famille Dubreuil rassemblée ; nous avons discuté très longtemps. J'ai écouté ce qu'ils avaient à me dire, j'ai dit de mon côté qu'il n'était pas question de faire une association si les Dubreuil n'en étaient pas une partie prenante importante, pour qu'ils aient leur mot à dire. Si cette tour avait été à l'extérieur de l'exploitation, soit elle aurait complètement disparu parce que les gens auraient piqué les pierres, soit elle serait complètement rénovée et quelqu'un l'habiterait ! Elle ne devait sa survie que parce qu'elle était chez eux... Mais en même temps, il fallait qu'ils continuent à vivre autour - il fallait de la vie, plutôt qu'un musée au milieu de nulle part. Donc, j'explique qu'il n'était pas question que je fasse quelque chose tout seul, mais que je souhaitais qu'ils entrent en nombre dans le projet et que les gens qu'ils connaissent y entrent en nombre eux aussi, pour peser dans les décisions etc.

    À partir de là, j'ai fait venir plusieurs personnes, avec l'accord des propriétaires... Notamment Nicolas Balland (NDLR : l'archiviste de l'association), un battant qui s'intéressait déjà au monument - et à peu près le seul, parmi les personnes que j'ai rencontrées alors pour leur demander des conseils, à m'encourager ! Toutes m'ont dit : « Ah, mon pauvre vieux, laisse tomber ça ! » Cela ne m'a pourtant pas découragé.

     

    Vingt ans de "la Tour du Bost" (2) : premiers pas

    Le mur extérieur du chemin de ronde, côté ouest,
    en partie effondré.

     

    Avec Nicolas, nous avons travaillé à la tour, avant même la date de la création de l'association. Il fallait déjà y entrer, c'est à dire grattouiller tout ça pour pouvoir entrer, couper des arbres, et monter là-haut et recommencer à gratter ! On commençait à s'intégrer dans la famille Dubreuil et parmi les voisins... Et cela nous a menés à l'assemblée constituante.
     
    Vous pouvez retrouver, avant la suite de cet entretien, quelques photos de la tour avant l'incendie.

     


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    Quand, à la Tour du Bost, venait M. Bulliot...

     

    S'il est une personnalité incontournable lorsque l'on s'intéresse à la Tour du Bost, c'est bien Jacques-Gabriel Bulliot, un des plus grands érudits locaux du XIXe siècle, marchand de vin à Autun, qui a découvert le Beuvray (Bibracte), fut président de la Société Éduenne des Lettres, Sciences et Arts d'Autun, collectionneur d'art, ami de Napoléon III... Il fut aussi l'auteur d'un ouvrage sur le donjon, qui est une référence encore aujourd'hui, malgré certains éléments contestables et son absence de référence au fonds d'archives local (M. Bulliot n'y eut vraisemblablement pas accès).
     
    Bref, M. Bulliot s'est penché sur "notre" tour médiévale, la décrivant avec méticulosité.
     
    Le docteur Notel, du Creusot, membre éminent de la recherche généalogique en France, a retrouvé dans un fonds privé de Montcenis, en même temps que d'autres documents, des lettres de M. Bulliot, écrites en 1888 et 1897, et nous en a transmis copie. Ces documents émouvants, à l'écriture tremblée, nous permettent d'envisager comment M. Bulliot travaillait, ainsi que les difficultés qu'il pouvait rencontrer. Notons qu'en 1888, il avait déjà 71 ans, et 80 ans en 1897. Il décédera en 1902.
     
    Voici la retranscription de ces courriers, adressés à un interlocuteur (inconnu de nous) de Montcenis. 

    Quand, à la Tour du Bost, venait M. Bulliot...Autun, 28 septembre 1888
     
    Cher confrère,
     
    Vous avez eu autrefois l'amabilité de m'offrir vos services pour visiter la tour du Bos (sic). Dans le cas où vos bonnes intentions auraient persisté, et s'il n'en résultait pour vous aucun dérangement, je vous prierais de me désigner votre jour.

     

    Quand, à la Tour du Bost, venait M. Bulliot...Seriez-vous assez bon pour me tracer aussi un itinéraire, me dire à quelle gare je devrai descendre, la distance à parcourir, soit de pied, soit par un véhicule s'il s'en trouve facilement. J'ai projeté cette course avec M. de Charmasse, actuellement à Champignolle, et qui devra nous rejoindre à heure fixe, si vous voulez bien l'informer en même temps que moi.
     
    Pardonnez-moi, cher Monsieur, cette importunité et veuillez me croire

     

    Votre dévoué et reconnaissant confrère,
     
    J.G. Bulliot
     
    N'ayant pas l'honneur d'être connu de Monsieur de Charrin, je compte sur vous pour demander l'autorisation en mon nom.

     

    Quand, à la Tour du Bost, venait M. Bulliot...Autun 14 avril 1897
     
    Cher Monsieur,
     
    J'ai transmis à Monsieur de Charmasse, dépositaire actuel du terrier que vous avez eu l'obligeance de nous confier, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire. J'avais copié, dès le moment de la remise, les notes qui concernaient mon travail, que je n'ai pas interrompu depuis, mais qui m'obligera à aller séjourner aux archives de Dijon. J'ai la série des seigneurs depuis la fin du XIVe siècle, mais c'est une besogne que d'extraire de la masse des titres réunis, ce qui peut offrir quelque intérêt.

     

    Quand, à la Tour du Bost, venait M. Bulliot...

     

    Ma santé ne m'a pas permis jusqu'ici de réaliser la visite projetée à la Tour du Bos (sic), où j'aurai à faire quelques vérifications. J'ai égaré la cote de la hauteur, le nombre des marches, qui est, je crois, de 103, et à confronter, sur les lieux, ma description.
     
    Le terrier mentionne une basse-cour entourée de clôtures en bois. Si vous aviez connaissance qu'on eût trouvé trace de fossés je vous serais obligé de m'en faire part.
     
    Veuillez agréer, cher Monsieur, la nouvelle expression de ma reconnaissance et de mes sentiments de dévouement et de considération.
     
    J.G. Bulliot
     
    À cette époque-là, mener des recherches archéologiques et historiques ne présentaient pas les mêmes facilités que de nos jours, où de nombreux documents sont accessibles directement sur la toile... Il ne nous est plus nécessaire, dans bien des cas, de mettre sur pied les véritables expéditions que devaient représenter de simples déplacements d'Autun à Charmoy (37 km, tout au plus 40 minutes en voiture aujourd'hui) : il fallait sans doute alors prévoir une journée, pour une ou deux heures de présence sur place !
     
    Nota : M. de Charmasse, cité dans la lettre de 1888, est un autre grand érudit local, membre de la Société Éduenne, qui a notamment étudié le prieuré de Mesvres. M. de Charrin, propriétaire de la Tour du Bost à l'époque, était aussi, entre autres, le propriétaire du château de Bruel, tout proche et de construction alors récente.

     


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  • … qu'on fera les plus belles fenêtres !

     

    C'est avec de vieux verres...


     
    Il y a plusieurs mois, nous avions mis sur le blog, à tout hasard, un "appel à la population" pour trouver de vieux verres – peut-être vous en souvenez-vous ? Il y a quelques temps, nous l'avons supprimé ; non de guerre lasse, bien au contraire : nous avons trouvé le verre ancien que nous cherchions désespérément pour équiper la Tour du Bost ! 

    L'histoire est d'ailleurs très jolie, comme la rencontre. Jean-Charles Vautrin, un menuisier spécialisé en rénovation de patrimoine, venu sur le blog par un article qui parlait de... menuiserie (c'est logique), a continué à nous suivre régulièrement par ce biais. Disposant d'une réserve de vieux verres, issus de fenêtres qu'il lui avait fallu démonter au cours de sa carrière, il a répondu à notre annonce et nous a proposé très aimablement de récupérer son stock.
     
    Quelques échanges de courriels suivis de contacts téléphoniques, un petit voyage jusqu'aux environs de Troyes, dans l'Aube, et le président de l'association, Robert Chevrot, est revenu chargé de deux grosses caisses contenant cette précieuse collecte – plein d'enthousiasme aussi devant l'accueil reçu là-bas et devant la qualité du travail de M. Vautrin. "Nous sommes arrivés dans un atelier magnifique, "commencé" par son grand-père ; ce petit atelier, son père l'a agrandi, lui l'utilise encore aujourd'hui... Comme c'est de la menuiserie, ça sent bon, il y a des tas d'outils partout, de la poussière bien sûr ! C'est un atelier qui vit, en désordre, et quelques beaux objets qui émergent çà et là : des réalisations, des rampes..." M. Vautrin poursuit une carrière de haut niveau, travaillant en France mais aussi beaucoup à l'étranger (Royaume-Uni, États-Unis...).
     
    Nous le remercions encore vivement de nous avoir donné ces carreaux, dont certains sont de couleur. Nous ne pouvons que vous conseiller d'aller faire un tour sur le site de M. Vautrin : cela vous en dira plus sur la qualité de son travail (parquets, boiseries, portes, fenêtres...)


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  • Gaétan : rester dans le bâtiment

     

    Gaétan Laudet a travaillé un an à la Tour du Bost, dans le cadre du chantier d'insertion de Tremplin. Il a terminé son contrat en mars 2011. Depuis, il travaille en intérim. Il a notamment participé aux travaux de la place de l'église de Montceau-les-Mines, en "faisant un peu de tout : pavage, goudron, bordures..." Venu à la tour le jour de l'inauguration de la nouvelle salle, en décembre 2011, il y a retrouvé d'anciens stagiaires – et a pu constater l'évolution de la restauration.

     

     

    Que pensez-vous de la nouvelle pièce ?
     
    Franchement, c'est magnifique. On en a mis, de la sueur, dedans, alors je suis venu aujourd'hui pour voir le résultat ! Les travaux avancent, ça prend forme, c'est très bien. Franchement, elle va être jolie, cette tour !
     
    Connaissiez-vous le monument avant de venir y travailler ?
     
    Je suis originaire du Creusot, mais je ne connaissais pas la Tour du Bost : même à l'école, on ne m'en avait jamais parlé ! C'est même incroyable... Le jour où je suis arrivé pour le chantier, je l'ai vue pour la première fois : wooh, c'était impressionnant !

     

    Gaétan : rester dans le bâtiment

     

    Aviez-vous un projet professionnel au moment de votre stage d'insertion ?
     
    Je reste dans les travaux publics, dans le bâtiment, c'est mon domaine. Avant de venir à la Tour, j'avais déjà pas mal travaillé dans le bâtiment, dont quatre ans chez Creusot carrelages. Tout m'intéresse dans ce domaine, donc j'y reste ! À la tour, j'ai fait des choses que je n'avais jamais faites, comme la pose de pierre en maçonnerie. J'avais déjà posé des agglos etc, mais là, c'était plus intéressant ! Ensuite, les plafonds à la française m'ont intéressé. Toucher le bois... Les derniers six mois que j'ai faits ici, ce n'était que de la menuiserie et franchement, c'était le plus intéressant.
     
    Après coup, comment voyez-vous votre séjour ici ?
     
    Je ne regrette pas mon passage ici, cela s'est bien passé, c'était bien. Nous avons fait du bon boulot, je suis content. Il y avait une bonne équipe, une bonne entente. Il y avait beaucoup de solidarité. On s'entraidait tous : celui qui n'y arrivait pas, on l'aidait. C'était tranquille.

     

    Penchez-vous donc sur les photos du plafond du niveau 4 et, en remontant un peu plus le temps, sur les travaux d'Hercule effectués lors de la pose de sa poutre. Nous avons consacré de nombreux articles à la restauration de la "Chambre des Dames".

     

     


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