• Hocine est en ce moment le plus ancien des salariés du chantier de la Tour du Bost : il est arrivé le 1er février 2011, alors que nous en étions à la pose des solives et du plancher du niveau IV.

    Hocine : de la Tour aux poids lourds

    Pourquoi avez-vous intégré le chantier ?
     
    Avant de commencer ici, je suis resté une longue période au chômage. Je suis Creusotin, j'y suis né, j'y ai grandi, et Le Creusot, c'est la métallurgie... J'ai fait pas mal de soudure, mais il y a trop de soudeurs dans la région, et pas assez d'usines. J'en avais assez de tourner en rond : me réveiller le matin, faire des boîtes d’intérim, répondre aux offres d'emploi à Pôle Emploi - rien n'aboutissait... Depuis que je travaille ici, ça va mieux professionnellement, puisque je m'occupe la journée et que j'apprends des choses – et ça se passe mieux à la maison aussi. Ma famille est contente que j'aie repris une activité. Cela me pose, ça me structure. Notre vie familiale se renforce.

    Hocine : de la Tour aux poids lourds

     

    Je n'y connaissais rien au bâtiment, au départ. J'ai appris à faire des enduits, à poser des tomettes... Cela n'entre pas dans mon projet professionnel à l'heure actuelle, mais on ne sait jamais ! Et puis, plus tard, si j'achète une maison, ça me sera utile s'il y a des choses à refaire.
     
    Il y a une bonne ambiance dans l'équipe. Depuis mon arrivée, il y a eu au moins trois ou quatre groupes. Il y a eu des hauts et des bas : comme dans tous les chantiers, il arrive qu'il y ait un peu d'engueulades, mais dans l'ensemble ça se passe bien.
     

    Savez-vous ce que vous allez faire à l'issue de votre contrat ?
     
    J'ai un projet qui est bien parti et j'espère le concrétiser. Il n'est pas encore complètement validé mais me semble en bonne voie. J'ai toujours aimé conduire, voulu être chauffeur poids lourd. J'ai commencé à faire des démarches, je me suis renseigné à Pôle Emploi et auprès des boîtes d'intérim : il y a du boulot, c'est recherché, ce qui me motive encore plus. J'ai trouvé un patron à qui j'ai expliqué mon projet, il est prêt à me prendre en immersion dans son entreprise fin octobre, à Blanzy. Je vais accompagner un chauffeur pendant une semaine, je vais le suivre, prendre des notes, regarder comment il charge, comment il décharge etc. Une fois ce stage-là validé, il me faudra passer mon permis poids-lourd, avec l'aide de Pôle Emploi.

    Hocine : de la Tour aux poids lourds

     

     

     

    Après cette semaine d'immersion, je vais terminer mon contrat à la tour : je finis le 31 janvier prochain.

     

     

     

    Connaissiez-vous la Tour du Bost avant d'y travailler ?
     
    Non, je connaissais Montcenis mais pas du tout Charmoy. C'est un monument historique impressionnant ! Cela nous rappelle le Moyen-Âge : c'est le sentiment que j'ai eu lorsque je l'ai vue la première fois. Cela m'a fait remonter des souvenirs de ce que j'avais appris, gamin, sur François 1er, sur le Chevalier "sans peur et sans reproche"... C'était le côté historique qui m'impressionnait, plus encore que la taille de la tour.
     
    Et aujourd'hui, comment la voyez-vous ?
     
    Comme un appartement : je suis là tous les jours, alors je m'y suis habitué ! (rires)


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  • Au sein de l'équipe "Tremplin Homme et Patrimoine", Homa Michelet occupe une place particulière : psycho-clinicienne à la base, aujourd'hui coordonnatrice pédagogique et cofondatrice de cette association, c'est elle qui intervient "sur l'humain". On la voit très régulièrement sur les différents chantiers d'insertion gérés par Tremplin, rencontrant les uns et les autres, menant des entretiens, mettant à l'occasion la main à la pâte...

    Homa Michelet : développer un projet de vie

    Quel est le but de vos interventions sur les chantiers ?
     
    Notre travail d'intervenant, à Tremplin, est d'accompagner les salariés de l'Atelier dans leur projet professionnel. Moi, je ne m'arrête pas là : mon souci est de les accompagner dans leur projet de vie. Parce que l'un fait partie de l'autre et que résumer un individu seulement à un travail me paraît beaucoup trop court.  

    Je travaille en même temps sur les trois aspects des compétences : les savoirs (tout ce qui est théorique), les savoir-faire (le travail concret sur le terrain) et les savoir-être. Ces savoir-être ne se résument pas à être poli, à dire bonjour etc... Je les appelle "l'intelligence au travail", c'est plus parlant. Dans cette étape de travail avec eux, je les amène à analyser une situation pour pouvoir poser un diagnostic et pour pouvoir organiser le travail, les postes de travail, anticiper en termes de matériaux, de matériel... C'est tout cela qui permet l'adaptation à un poste de travail, de façon générale.
     
    La première étape de mon travail est de faire le bilan de leurs compétences, en les regardant travailler : cela me donne à voir d'abord s'ils n'ont pas de problèmes psycho-moteurs ; je me concentre aussi sur leur temps, leurs capacités et leur mode d'apprentissage. Je dois ensuite utiliser tout cela pour les amener à changer leur façon d'être et de faire. Je vérifie en même temps s'ils savent s'organiser, transmettre des informations, travailler en équipe...
     
    Avez-vous toujours travaillé de cette façon ?
     
    J'ai changé mon mode de fonctionnement depuis que nous ne pouvons plus faire que des contrats de six mois, le renouvellement (une seule fois) n'étant pas toujours accordé par les institutions (les critères sont vraiment draconiens aujourd'hui). Cela m'enlevait six mois de temps pour travailler avec chacun. Un an, au niveau psychologique, c'était intéressant : neuf mois de grossesse et trois mois de mise en marche, c'était très symbolique pour moi... J'ai dû m'adapter à ces nouvelles conditions, en suivant une formation de coach, notamment. Maintenant, ce n'est plus moi "toute seule" qui pose le diagnostic, je n'en ai plus le temps : je le fais avec eux, en les "titillant" - qu'est-ce qui me manque, comment il faut m'accompagner, de quoi j'ai besoin pour aller là où je dois aller...
     


    "Désapprendre" pour mieux apprendre


     
    Cela implique une plus grande responsabilisation de leur côté. C'est peut-être encore plus difficile pour eux ?
     
    Ce n'est pas plus difficile, mais c'est déstabilisant parce que l'on vit dans un système d'assistance, qui limite la possibilité d'avancer vers l'autonomie. On a l'habitude d'être porté... C'est vrai que dans un premier temps, ils attendent beaucoup de moi, ils ont l'impression que je vais les materner - puis ils sont déstabilisés parce que ce n'est pas du tout mon mode de fonctionnement ! Mais à partir du moment où le travail est enclenché, ça va tout seul. Je ne fais que leur montrer leur potentiel, leurs capacités. Autrefois, dans notre projet pédagogique, c'était le bâtiment qui, par effet miroir, restaurait l'individu. Quelque part, aujourd'hui, je joue directement le rôle du miroir en leur disant : "tu as toutes les solutions, on ne sait pas encore laquelle est la plus adaptée – il n'y a pas de notion de "bonne" ou "mauvaise" solution. Le terrain nous donne à voir, à tester en toute sécurité. Tu as un filet, il n'y a pas de risques, tu as le droit de faire des erreurs et on les corrige pas à pas."

    Mon objectif est de systématiquement les amener vers la réussite, même si la tâche qu'ils ont à effectuer est toute petite. C'est de cette réussite que dépendra la réussite suivante.

    Je suis particulièrement attentive à cette phase d'apprentissage : on doit passer par un désapprentissage pour repartir vers un apprentissage. Cela veut dire qu'à un moment donné, il faut abandonner tous les repères qu'on a pour être amené vers de nouveaux apprentissages : c'est extrêmement difficile ! Leurs résultats me permettent de valider ma façon de travailler, de voir s'il me faut corriger le tir ou pas.
     
     
    Nota : "Tremplin Homme et Patrimoine" n'amène pas forcément ses stagiaires à un métier dans le bâtiment ; l'association utilise ses différents chantiers comme supports de reconstruction d'un projet professionnel. Pour en savoir plus, on peut se reporter à :
    Tremplin : pour mieux rebondir
    Tremplin : la position d'équilibre
    Tremplin Homme et Patrimoine
    ainsi qu'à ce lien direct vers son site.


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  • David Bernard et la Fée Electricité

    Ce n'est pas parce qu'on date du Moyen-Âge qu'on n'a pas le droit à certaines commodités modernes... S'il n'y a pas de chauffage à la Tour du Bost, l'électricité y est quand même domestiquée. Son dompteur, depuis quelques mois : David Bernard.

    Celui-ci s'affaire au ras du sol : nous en sommes aux finitions du niveau IV et les prises électriques doivent être encastrées dans les tomettes. Les rampes d'éclairage sont déjà en place et courent sur les poutres du plafond, discrètes et efficaces.

    David Bernard et la Fée ElectricitéCet électricien, employé par "Tremplin Homme et Patrimoine", travaille aussi sur le chantier de Brancion. Son premier contact avec le donjon date de cet hiver :

    "J'ai été impressionné, la première fois que j'ai vu la tour ! Cette charpente ! Ils en étaient à la mise en place du plancher du niveau 4 et m'ont expliqué comment ils faisaient... Et puis, la tour elle-même : de loin, elle ne paye pas de mine, mais quand on arrive au pied, c'est autre chose ! On se sent tout petit !"
     
    M. Bernard est souvent passé à Charmoy ces derniers mois, pour de menues réparations. Les prises et les interrupteurs, situés au sol, ont tendance à s'encrasser très rapidement : un chantier, par définition, c'est salissant...
     
    "Dans la tour, nous travaillons sous contraintes – celles liées aux demandes de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques. Il ne nous est pas possible de "faire simple" : par exemple, il faut intégrer les prises dans le sol." Sceller les câbles des luminaires dans les murs n'est pas facile non plus : si l'on ne s'ancre pas dans la pierre, mais dans les joints, ça ne tient pas comme on voudrait, il faut trouver une autre solution...


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  • La Creusotine Martine Sanchez a exposé une partie de ses aquarelles cet été à la Tour du Bost. Une première pour cette aquarelliste toute neuve qui nous a enchantés de son talent : des paysages et des fleurs pleins de vie et de charme, nés de l'alliance de l'eau et des pigments.

    Martine Sanchez : d'eau et de pigments

    Depuis quand faites-vous de l'aquarelle ?
     
    Je fais de l'aquarelle depuis que je suis à la retraite, c'est à dire trois ans. C'est un loisir. J'en avais très envie avant mais avoir plus de temps m'a permis de me lancer. Je prends des cours à Givry, chez un aquarelliste, Roland Génieux. Pour cette exposition, j'ai choisi des aquarelles que j'ai faites toute seule, pas en cours car c'est plus facile, on est guidé... J'ai encore beaucoup de choses à apprendre.
     
    Dessiniez-vous auparavant ?
     
    Je suis très manuelle, mais je ne dessinais pas spécialement. Mais par contre, j'aime aller aux expositions de peinture. J'ai toujours aimé faire des travaux manuels, arranger des choses, découper... Quand j'étais enseignante, je faisais faire du dessin, des travaux manuels, des peintures aux enfants. J'aimais encadrer leurs dessins, pour qu'ils ne restent pas comme ça. J'aimais l'aquarelle sans m'y être jamais essayée ; en vacances, j'achetais toujours une aquarelle, par exemple. C'est pour ça que j'ai pris des cours d'aquarelle, pour être soutenue : je n'ai pas eu l'idée de m'y lancer toute seule, même si certains font comme ça. 

    Martine Sanchez : d'eau et de pigmentsQuelle technique utilisez-vous ?
     
    C'est la technique des mouillés. On fait peu de dessins, sauf quand c'est du bâti, pour avoir des traits rectilignes, mais alors on délimite surtout des espaces. On mouille complètement le papier, on travaille dans l'eau : on met les pigments, ça se diffuse, ça se mélange... Le problème c'est que parfois, cela ne fuse pas comme on le voudrait, à l'endroit où l'on voudrait, alors on ne réussit pas à tous les coups... Certaines aquarelles disparaissent dans le feu de la cheminée – ce n'est pas triste, ça fait partie de l'apprentissage, dans quinze ans il y en aura moins !

    J'aime les fleurs ; j'ai un jardin, mais je ne l'utilise pas comme sujet d'inspiration. Je travaille plutôt à partir de photos, comme point de départ. Peindre à l'extérieur avec la technique du mouillé, c'est difficile : ça sèche vite, il faut gérer. Or, on peut très peu revenir sur une aquarelle, surtout quand on ne maîtrise pas trop la technique. Après les couleurs, on les fait en fonction de ce qu'on ressent personnellement...
     
    Je crois que c'est votre première exposition ?
     
    Oui. J'ai déjà montré quelques-unes de mes aquarelles pour soutenir un collectif que nous avons créé, à trois, pour aider deux jeunes étudiants, au Bénin. Ils avaient besoin d'une certaine somme, pour financer l'un sa maîtrise, l'autre sa licence de droit : nous avons fait une foire-exposition, des vide-greniers, des tombolas... Et nous avons réussi à collecter la somme dont ils avaient besoin. Nous voulons faire en sorte que ça aille bien pour leurs études. C'était très bien, très intéressant.
     
    Connaissiez-vous la Tour du Bost avant d'y exposer ?
     
    J'y suis venue l'année dernière, pour voir l'exposition de mon amie Michelle Vailleau . C'était la première fois. Cette année, j'ai découvert la salle au-dessus. J'ai hâte de voir le prochain étage, puis le toit ! C'est déjà impressionnant par rapport à l'année dernière ! Je regrette de ne pas avoir vu les lieux dès le départ... On ne se rend pas compte, aujourd'hui, de l'état dans lequel était la tour. Je n'ai pas de connaissances particulières en architecture, mais je suis curieuse et je suis toujours très impressionnée quand on peut sauver quelque chose. Impressionnée par les bâtisses et le patrimoine, mais surtout par tous les gens qui dépensent toute cette énergie ! Se projeter comme ça dans l'avenir ; voir la tour en ruine et imaginer la remonter ; faire qu'une chose qui ne vit plus puisse revivre : comment peut-on se projeter, se dire que ça va pouvoir reprendre forme ? Il faut avoir la vision des choses.
     
    Que pensez-vous de la salle d'exposition ?
     
    C'est un cadre très agréable, je suis ravie. Pour une première expo, c'est grandiose ! Cela s'y prête bien, ce n'est pas immense et avec la cheminée et les petits escaliers, ce n'est pas froid. On se voit bien tout de suite faire un repas, une petite réception... Cela reste vivant, on se sent bien, ce n'est pas nu. Les proportions restent humaines.

    Retrouvez les activités estivales de la Tour du Bost en photos.


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